verain, comme l’Être suprême, n’a-t-il point ses lois dans la morale et dans la justice éternelle ? Et quelle loi de la nature a sanctionné les grands crimes ? On demande le renvoi au peuple ; quel autre langage tiendrait-on si l’on voulait sauver le roi, et si l’or étranger avait corrompu les suffrages ? N’oubliez pas non plus qu’une seule voix, quand il s’agit d’un tyran, suffit pour empêcher sa grâce.
Ce jour va décider de la République ; elle est morte, et c’en est fait, si le tyran reste impuni. Les ennemis du bien public reparaissent, ils se parlent, ils se réunissent, ils espèrent ; la tyrannie ramasse ses débris, comme un reptile renoue ses tronçons. Tous les méchants sont pour le roi : qui donc ici sera pour lui ? La pitié hypocrite est sur les lèvres des uns, la colère sur celles des autres ; tout est employé pour corrompre ou pour effrayer les cœursAssurez-vous, dans un autre temps, la reconnaissance du peuple en vous montrant sévères. Soyez plus sensibles à son véritable intérêt qu’à de vaines considérations et de vaines clameurs, par lesquelles on veut, avec dextérité, intéresser votre respect pour ses droits, afin de les détruire et de le tromper. Vous avez proclamé la loi martiale contre tous les tyrans du monde et vous respecteriez le vôtre ! Ne portera-t-on donc les lois sanglantes que contre les opprimés, et l’oppresseur sera-t-il épargné ?
On a parlé aussi parmi le peuple, et même parmi vous, de récuser ceux dont l’opinion s’est manifestée. Ceux qui, sans esprit d’intérêt, ne cherchent que le bien sur la terre, ne poursuivront jamais le roi par un sentiment de vengeance ; mais après les périls que le peuple et la liberté ont couru depuis deux années, l’amour de la patrie les doit rendre justes et inflexibles. Et les oreilles que la vérité fière blessera, sont-elles bien pures ? Tout ce qu’on a dit pour sauver le coupable, il n’est personne qui ne se le soit dit ici à soi-même par esprit de droiture et de probité ; mais si la patrie n’a point encore récusé notre faiblesse, de quel droit le coupable récuserait-il notre justice ? Aussitôt que vous avez délibéré sur ce jugement, l’opinion particulière de chacun de nous est devenue une portion de décret par