Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/446

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VIII

RÉPONSE À UNE ACCUSATION


Les ennemis de la Révolution profitaient de la misère qui régnait alors pour nouer d’incessantes intrigues à la faveur du mécontentement public. C’est à un mouvement de cette sorte qu’il faut attribuer les incidents qui troublèrent, le 11 et le 12 février 1793, les séances de la Convention. Des pétitionnaires demandèrent d’un ton menaçant à être introduits à la barre. Éconduits le 11, ils revinrent le 12, et furent admis. Marat parla avec violence contre cette manifestation désordonnée : « Ne vous y trompez pas, citoyens, dit-il : c’est ici une basse intrigue. Je pourrais nommer ici des individus notés d’aristocratie ; mais les mesures que je propose serviront à les faire connaître et à couvrir de honte les auteurs. Je demande que ceux qui en auront imposé à la Convention soient poursuivis comme perturbateurs du repos public. » Au cours des explications qu’il présenta, l’orateur de la députation fit une allusion à Saint-Just. Il dit : « Ce matin, arrivé dans cette enceinte, nous nous sommes entretenus avec un de vos membres ; il nous a dit qu’après la lecture de la pétition, il faudrait demander que la Convention s’occupât, toute affaire cessante, de faire une loi sur les subsistances pour la République entière… » Comme on demandait le nom de ce député, le pétitionnaire répondit : « On m’a dit qu’il s’appelle Saint-Just ; mais je ne le connais pas. » Ainsi représenté comme un des organisateurs de cet incident tumultueux, Saint-Just monta à la tribune pour s’expliquer et rétablir la vérité des faits.