Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/277

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Sara Th....

Il y avoit plus de cinq ans que j’avois achevé mes voyages, & qu’après avoir étudié l’homme dans les différentes parties de l’Europe, dans les grandes villes, dans les cours, dans les états de la vie les plus enviés, j’étois persuadé que les pays que j’avois vus & le mien même n’étoient pas la patrie du bonheur & de la raison. Ma famille vouloit me marier : mon pere se flattoit de me trouver une femme qui me feroit oublier une parente que j’avois aimée dans mon enfance, & que la mort m’avoit enlevée : en attendant il vouloit que je m’occupasse des biens qui devoient m’être cédés au moment de mon mariage ; il me fit partir pour le nord de l’Ecosse où nous possédons une terre aux environs d’Aberdeen ; je me mis en chemin vers la fin du printemps & dans les plus beaux moments de l’année. Le soleil étoit prêt à se coucher lorsque j’arrivai à huit mille d’Hamstead (c’est le nom de cette cam-