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Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/281

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doivent être bien étonnés de se trouver là ! quel usage peuvent faire ces bonnes gens de tous ces livres ! ils appartiennent sans doute à quelque Gentilhomme du voisinage qui, charmé de cette campagne, ou peut-être de cette fermiere, vient passer ici le tems de la belle saison. J’achevai ensuite la revue de la bibliothèque, je n’y vis plus que quelques livres de Méchanique & de Médecine-Pratique, les romans de Richardson, des traductions des Idylles de Théocrite, des Eglogues & des Georgiques de Virgile, des Poésies de Tibulle, de Gesner & de Haller : je ne vis des ouvrages de nos Poëtes que les Pastorales de Philips, les Délices de la vie champêtre, par Cowley, quelques morceaux de Spencer, la Fable de Philemon & Baucis, par Dryden, & les Saisons de Thomson : je pris le Poëme de la Loi Naturelle, & j’allai le lire sur le banc de gazon.

Je m’étois à peine assis que j’entendis de grands cris autour de la maison. Les enfants qui m’avoient suivi dans le jardin & qui m’examinoient curieusement coururent à la porte ; j’y vis courir la fermiere : ils alloient au-devant d’un chariot vuide qui entroit dans la cour : ce chariot étoit conduit par le fermier qui revenoit d’Aberdeen