Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/291

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cet enfant l’étoit de son rateau. Vous voyez, dit la mere, commencer le plaisir d’être utile, & le noviciat de l’agriculture.

Tout ce que vous dites & tout ce que je vois, divine Sara, lui répondis-je, m’inspire pour votre mari & pour vous le respect le plus profond & l’admiration la plus vive ; je voudrois passer entre vous le reste de ma vie, & mériter l’amitié de l’un & de l’autre. Votre voisinage me rend précieux un bien dont je ne tenois pas compte ; j’y viendrai souvent pour jouir de votre conversation & du spectacle des vertus & des plaisirs vrais que vous rassemblez dans votre maison. Peut-être, divine Sara, vous ferez-vous connoître davantage : vous me direz peut-être ce que le pere de Philips avoit tant d’envie de me dire. J’ai vu par l’attendrissement de ce bon vieillard & par les marques de respect qu’il vouloit vous donner, que plus instruit de ce que vous êtes & des circonstances qui vous ont conduite dans cette métairie, je n’aurai que de nouvelles raisons de vous estimer. Je le crois, dit Sara ; la maniere dont vous jugez de nous & de notre genre de vie, me fait penser que vous êtes au-dessus de bien des préjugés & que vous méritez