Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/321

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adore le grand Orissa, le maître de la vie & le père des hommes, il doit avoir de la justice & de la bonté ; il vient punir les ennemis des enfants d’Orissa ; mais vous, dit-il, en regardant Wilmouth & moi, vous qui les avez consolés dans leur misère, il sçaura vous respecter ; envoyez vers cet homme un des adorateurs d’Orissa, un de nos frères du Benin ; Wilmouth, qu’il aille dire aux guerriers de quels aliments tu nourris tes esclaves, qu’il leur conte ton amitié pour nous, la paix où nous vivons, nos plaisirs & nos fêtes ; tu verras ces guerriers tirer leurs fusils à la terre & jetter leurs zagaies à tes pieds.

Nous suivîmes le conseil de Francisque ; on dépêcha un jeune nègre vers le chef des noirs, & en attendant son retour, mon ami & moi, nous nous endormîmes d’un sommeil tranquille ; nos esclaves veilloient autour de nous.

Le jour commençoit à paroître, lorsque je fus éveillé par des cris & un bruit de mousqueterie qui partoit de la plaine, & de moment en moment sembloit s’approcher : j’ouvris ma fenêtre. J’ai dit que la maison de Wilmouth étoit située au penchant de la montagne, & que la vue s’étendoit sur une plaine immense coupée de