Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/325

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étoit encore animé de la chaleur du combat ; mais en nous abordant, ses yeux exprimoient la bienveillance & la bonté, des sentiments opposés se peignaient tour à tour sur son visage ; il étoit presque dans le même moment triste & gai, furieux & tendre. J’ai vengé ma race & moi, dit-il ; hommes de paix, n’éloignez pas vos cœurs du malheureux Ziméo : n’ayez point d’horreur du sang qui me couvre, c’est celui du méchant ; c’est pour épouvanter le méchant que je ne donne point de bornes à ma vengeance. Qu’ils viennent de la ville, vos tigres, qu’ils viennent & ils verront ceux qui leur ressemblent pendus aux arbres & entourés de leurs femmes & de leurs enfants massacrés : hommes de paix, n’éloignez pas vos cœurs du malheureux Ziméo.... Le mal qu’il veut vous faire est juste. Il se tourna vers nos esclaves & leur dit : Choisissez de me suivre dans la montagne, ou de rester avec vos maîtres.

A ces mots, nos esclaves entourèrent Ziméo & lui parlèrent tous à la fois ; tous lui vantoient les bontés de Wilmouth & leur bonheur, ils vouloient conduire Ziméo à leurs cabanes, & lui faire voir combien elles étoient saines & pourvues de commodités, ils lui montroient l’argent qu’ils