Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/343

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

trant, celui qui nous a sauvés. Ziméo embrassoit tour à tour Matomba, Wilmouth & moi, en répétant avec vîtesse & une sorte d’égarement : conduis-moi.... conduis-moi.... Nous allions prendre le chemin de la petite forteresse où nos femmes étoins renfermées, mais nous vîmes Marien ou plutôt Ellaroé, descendre & voler vers nous. Le même nègre qui avoit rencontré Matomba, étoit allé la chercher. Elle arrivoit tremblante, le visage baigné de larmes, élevant les mains & les yeux vers le ciel, & répétant d’une voix étouffée, Ziméo, Ziméo ! Elle avoit remis son enfant entre les mains du nègre de Benin ; après avoir embrassé son époux, elle lui présenta le jeune enfant. Ziméo, voilà ton fils ; c’est pour lui que Matomba & moi, nous avons supporté la vie. Ziméo prit l’enfant, le baisoit avec transport & s’écrioit : Il ne sera pas l’esclave des blancs, le fils qu’Ellaroé m’a donné. Sans lui, sans lui, disoit Ellaroé, je serois sortie de ce monde, où je ne rencontrois plus celui que cherchoit mon cœur. Les discours les plus tendres étoient suivis des plus douces caresses ; ils les suspendoient pour caresser leur enfant ; ils se le présentoient l’un à l’autre. Bientôt ils ne furent