Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/50

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Qui diriges la course éternelle & rapide
10Des mondes emportés dans les plaines du vuide,
Arbitre des destins, maître des éléments ;
Toi dont la volonté créa l’ordre & le temps,
Ton amour paternel veille sur notre asyle ;
Il épancha ses dons sur ce globe fertile ;
15Mais l’homme a négligé les présents de tes mains.
Je viens de leur richesse avertir les humains,
Des plaisirs faits pour eux, leur tracer la peinture,
Leur apprendre à connoître, à sentir la nature.
Esprit universel que l’homme ose implorer,
20Accepte mon hommage & daigne m’inspirer.

Et toi, qui m’as choisi pour embellir ma vie,
Doux repos de mon cœur, aimable & tendre amie,
Toi qui sçais de nos champs admirer les beautés ;
Dérobe-toi, Doris, au luxe des cités,
25Aux arts dont tu jouis, au monde où tu sçais plaire ;
Le Printems te rappelle au vallon solitaire ;
Heureux ! si près de toi, je chante à son retour
Ses dons & ses plaisirs, la campagne & l’amour.

L’homme s’éveille encor à la voix des tempêtes ;
30Mais le vent du midi qui mugit sur nos têtes,
Des brûlants Africains traversa les déserts ;
Il enleva des feux qu’il répand dans les airs,