Page:Saint-Lambert - Les deux amis, 1770.djvu/6

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lontairement à des Chefs ; dans là paix, ils n’obéissent à personne.

Ils ont les uns pour les autres les plus grands égards : chacun d’eux craint de blesser l’amour propre d’un autre, parce que cet amour propre s’irrite aisément, & que la plus légère offense est bientôt vengée. La vengeance est l’instinct le plus naturel aux hommes qui vivent dans les sociétés indépendantes ; & le Sauvage, qui ne peut faire craindre à fon semblable le Magistrat & les Loix, fait craindre ses fureurs.

C’est donc la crainte qui est chez les Sauvages, la cause de leur politesse cérémonieuse & de leurs complimens éternels : Elle l’est aussi de quelques associations. Certaines familles, quelques