Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/29

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Et qu’ils méconnaissaient ma sublime origine.
Bien plus, fermant les yeux à ma clarté divine,
Leur faible esprit, déjà si prompt à s’égarer,
De mes droits souverains prétendait s’emparer :
Hautement a leur siècle ils voulaient faire entendre,
Que l’objet exclusif auquel ils devaient tendre,
En remplissant les airs du bruit de leurs accents,
N’était que d’émouvoir, n’importe dans quel sens ;
Que toute impression était indifférente,
Pourvu que le pouvoir de leur voix conquérante,
A l’esprit des mortels sut se faire sentir,
Et sous leur propre frein put tout assujettir.
Ces esprits aveuglés n’aspiraient à mon trône
Que pour déshonorer mon sceptre et ma couronne,
Et que pour abuser des pouvoirs de mon nom ;
Cet orgueil, cette soif de leur propre renom,
De nos premiers rapports resserra l’étendue,
Et ma lyre pour eux paraissant suspendue :
Tout ce que j’avais fait, les soins que j’avais pris
De leur bonheur, pour eux n’avait’plus aucun prix.
C’était peu qu’aveuglés par leur loi ténébreuse, .
L’histoire de ces faits leur parut fabuleuse,
Et laissa leur esprit dans son obscurité ;
N’ayant point dans la fable appris la vérité,
Par les tristes effets d’une erreur déplorable,
La vérité pour eux n’était plus qu’une fable.
Mais plus il se livraient à cet aveuglement,
Plus mon zèle divin désirait ardemment
De pouvoir dissiper leur funeste méprise.
Ainsi de mes desseins poursuivant l’entreprise,