Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/108

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LA galère de Cléopâtre partant à la conquête d’Antoine, était incrustée de lames d’or ; aux mâts flottaient des voiles de pourpre brodés de fleurs, les rames étaient garnies d’argent fin, la proue ornée de sculptures et de guirlandes.

Sur le pont, s’élevait une somptueuse tente couverte de drap d’or, autour de laquelle étaient disposés de nombreux vases, exhalant des parfums qui embaumaient les rives du Cydnus. Sous cette tente, Cléopâtre était étendue, nue.

J’ai pour abriter mon rêve, une galère plus somptueuse que celle de Cléopâtre. Toutes les pierreries de l’Univers y sont incrustées où se jouent les lumières du ciel et de la mer. Aux mâts flottent des oriflammes, or et flammes, qui se confondent avec le soleil, de sorte que mon navire n’a pas de limite et qu’il s’élève jusque dans la nue. Il n’a pas de rames, il a des ailes qui le portent plus vite, où le veut mon désir.