Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si pâle, guettant mon râle, qui elle aussi devait attendre ?

Ceux qui m’ont aimée, sont là, avec moi, c’est-à-dire en moi.

Que diront-ils ? Que sentiront ils ?

Ce n’est pas une angoisse. Pour moi, maintenant, qu’importe ?

Mais Celui que j’aime ?

Mon cœur, mon cœur de chair bat violemment trois coups sourds.

Et je ne sais plus rien.

Je ne pleure pas sur moi.

Je pourrais sourire, sourire devant ma destinée.

Mais je ne souris pas.

Calmement, avec toute ma conscience, lucide comme elle fut toujours devant tout danger, lucide et sans crainte, j’attends.

J’attends, celle qui plus pâle que la lune, plus pâle que l’attente, est là, la lâche, qui aurait pu me prendre parmi la beauté, et qui derrière la porte de ma chambre que pénètre l’aube pâle, plus pâle que la lune, est là pâle, si pâle, guettant mon râle.

L’attente se précise.

C’était donc cela mon attente ! Sous la pâle