Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/45

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que la pierre précieuse — lumineuse autant que la lune — la pâquerette ! mais cette pâquerette a fleuri bien après Pâques, sous la lune de juillet.

Et n’est-ce pas la fleur que dédient à une Vénus moderne, à la Vénus des pâles amours, les chastes vierges, les pâles fiancées que n’a pas empourprées le Désir, et qui effeuillent la marguerite de leurs doigts pâles, dans la pâle attente des noces permises et pudiques, pour savoir si le fiancé si souvent anonyme, les aime joliment — puisqu’elles ne demandent pas s’il les désire ! Et même, lorsque l’ultime pétale affirme : passionnément, les vierges, chastes fiancées, restent pâles comme la lune, car leur attente est douce et patiente qui n’attend pas la terrible volupté.

Avec le myrte de passion et de gloire, et les marguerites romantiquement lunaires d’amour pacifique, je cueille sous la lune la subtile et blanche ciguë, qui, hiératique, dresse haut sa gracieuse corolle pâle — pâle comme la lune — mais trouée d’un cœur noir. Cœur noir mystérieux, mystérieux comme la pâle mort que donne la lunaire ciguë, qui, hiératique, dresse sous la lune pâle sa corolle pâle.