Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/48

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LE bouquet pâle a frémi, à peine.

Qui donc ose agiter aussi stérilement, sous la lueur qui pénètre jusqu’au marbre de ma chambre, la gloire, l’amour et la mort, les pâles symboles de la gloire, de l’amour et de la mort ?

Avec des gestes lents, je me suis penchée. J’ai vu une ombre frêle, si frêle, un peu moins pâle que la chambre lunaire et que le bouquet de lune.

Maintenant l’ombre est immobile sur la tige du myrte : amour et gloire.

C’est une sauterelle, toute petite, toute fragile. Son entr’aile cachée, je le sais, est rouge. Elle est aussi immobile que la tige qui la soutient sans faiblir, que les pâles fleurs du bouquet de gloire, d’amour et de mort. Avec les fleurs, vies immobiles, j’ai cueilli une vie mobile, une vie active qui a des pattes et des ailes. Et dans le bouquet lunaire, sous la lune, elle a arrêté, irrémédia-