Aller au contenu

Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CE soir, une immense caresse lumineuse, souple et lente, a passé tout à coup sur la mer. Je l’ai sentie sur moi.

Un cuirassé — avant-coureur ou fugitif ? j’ignore tout de ces batailles lointaines — inspectait la mer jusqu’à la rive ; qu’a-t-il vu ?

Mais quelle terrible lumière, déchirant le mystère de la nuit pour lui arracher sa vérité ! Et dans une caresse !

J’ai senti, jusqu’en moi, la cruelle caresse lumineuse, plus douce d’être si fourbe.

La lune tardive n’avait pas encore dépassé l’horizon ; elle apparaissait comme une aube, et à cet instant seulement ressemblait, au soleil, au soleil qui va se lever. L’horizon pâle était rosé.

Pourquoi la blafarde lune a-t-elle une aurore rose à peine plus pâle que celle du soleil ?

Toutes les aubes se ressemblent, peut-être, car elles ne sont qu’un cœur de possibilités ;