Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/168

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tous les moroses d’ici-bas. Depuis des ans et des années, pèlerinent vers moi les mendiants de l’âme et de la chair fanées ; et tous, gravissant les marches du Calvaire, baisent fébrilement mon image salubre.

— En vérité, Jésus, la présence des baisers se voit à l’absence de la pierre qui s’en alla parmi les lèvres qui passèrent.

— Sache davantage. Chaque baiser définit la douleur qui le pose. Ainsi le Fol baise mon front, l’Aveugle mes yeux, le Muet ma bouche, le Sourd mes oreilles, le Bancal mes jambes, le Manchot mes mains et mes bras, et mon cœur a le baiser des Madeleines-les-Caresses. Ces souffrants réunis signifient la Souffrance Humaine tout entière, et leurs baisers éparpillés concourent au même but en labourant ma pierre bénévole.

— Ce but, quel est-il, Verbe fait essaim d’abeilles ?