Page:Saint-Saëns – Problèmes et Mystères, 1894.djvu/109

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comme le Phénix, renaissait à une nouvelle existence. La Ristori passionnait alors la jeunesse parisienne, dont j’étais ; je vois encore de quel geste superbe la grande tragédienne, vêtue en Muse, jetait sa lyre en s’écriant que l’Italie ne chanterait plus, tant qu’elle n’aurait pas reconquis sa liberté ! Et je me demande s’il est permis de se borner à faire vibrer des cordes sonores, quand la nuit menace de nous noyer dans ses ombres. Certes, ma voix est bien peu de chose ; mais, si faible qu’elle soit, qui sait si elle n’éveillera pas une voix plus puissante ? Qui sait si la semence, emportée au hasard par le vent, n’ira pas germer au cœur d’un de ces jeunes hommes à la parole de flamme, dont la fonction est de propager les idées ? Si cela était, je m’estimerais trop heu-