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INTRODUCTION V
longtemps, mais je ne voulais pas les voir. On devient amoureux des œuvres d’art, et, tant qu’on les aime, les défauts sont comme s’ils n’existaient pas ou passent même pour des qualités; puis l’amour s’en va et les défauts restent.
Il y a des œuvres dont on est amoureux toute la vie; il en est d’autres qui résistent victorieusement à toutes les vicissitudes du goût. Celles-ci, très rares, sont les vrais chefs-d’œuvre, et les plus grands maîtres n’en font pas tous les jours.
Après ces confidences, on ne s’étonnera pas, je pense , de me voir répondre avec calme à l’accusation d’avoir parfois changé d’avis. On m’a si aigrement reproché, à propos des œuvres de Richard Wagner, d’avoir brûlé ce que j’avais adoré, que je ne suis pas fâché de saisir l’occasion de m’expliquer une