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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/107

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unod ni la bassesse de style qui leur était chère, ni les morceaux invariablement coupés sur le patron officiel, ils l’accusaient de manquer de netteté. Que les temps sont changés ! il n’est plus permis d’être net, ni mélodique, ni vocal même ; le drame doit se dérouler exclusivement dans l’orchestre, et l’on peut prévoir le temps où l’on n’écrira plus que des pantomimes ; la symphonie de plus en plus développée, après avoir étouffé les voix, ne permettant plus de saisir les mots, le plus sage sera de les supprimer. L’auteur de cette étude lisait dernièrement dans un article sur son propre compte — article fort élogieux d’ailleurs — qu’il avait, au théâtre, appliqué ses idées de subordination complète de l’élément mélodique à la symphonie. Il demande la permission d’ouvrir ici une parenthèse pour protester contre de pareilles assertions. Pour lui, mélodie, déclamation, symphonie, sont des ressources que l’artiste a le droit d’employer comme il entend et qu’il a tout avantage à maintenir dans le plus parfait équilibre possible. Cet équilibre paraît avoir hautement préoccupé Gounod ; il l’a réalisé à sa façon ; d’autres pourront le réaliser d’une autre manière, mais le principe restera le même ; c’est la Trimourti sacrée, le dieu en trois personnes créateur du Drame lyrique. Et si l’un des éléments devait l’emporter sur les autres, il n’y aurait pas à hésiter : l’élément vocal devrait prédominer. Ce n’est pas dans l’orchestre, ce n’est pas dans la Parole qu’est le Verbe du Drame lyrique, c’est dans le