Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/116

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avait divisé les altos ! Il est certain qu’un homme capable de semer la division dans l’honorable corps des altos avait mérité toutes les haines !

Les temps sont bien changés. Massé est classé maintenant dans les « pompiers », avec Gounod, avec Ambroise Thomas, avec tous ceux qui n’ont pas pour les accords faux une passion immodérée, par la volée d’étourneaux qui s’est abattue depuis quelques années sur la critique musicale. Un de ces messieurs comparaît un jour la fraîche et pimpante sonnerie de cloches qui ouvre les Noces de Jeannette avec le solennel carillon de Parsifal ; on devine de quel ton et avec quel dédain. C’est le comble de la balourdise. Cette sonnerie est celle du clocher de Sceaux, que Massé entendait chaque fois qu’il allait à Aulnay chez son ami Jules Barbier ; il l’avait prise sur nature. Agreste, elle ne saurait convenir à une situation solennelle et mystique, et le carillon de Parsifal paraîtrait ridiculement lugubre dans une paysannerie. Mais qu’importe ? Il suffit que le talent de Massé ait été français, et bien français, pour mériter le mépris de certains Français, qui semblent avoir pris pour devise : « Charité bien ordonnée commence par les autres. »

Cette devise, d’ailleurs, n’est pas spéciale à un groupe. Est-ce qu’un admirateur d’Otello n’a pas naguère émis le vœu que Verdi refît Roméo après Gounod ?