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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/146

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le beau désert du Roi de Lahore, le délicieux couvent de Proserpine, entre autres, ont été exécutés d’après ses aquarelles.

De la volumineuse correspondance qu’il m’a laissée, je songe à extraire, quand il en sera temps, un volume qui ne sera dénué ni d’imprévu ni d’intérêt. En attendant, voici un sonnet extrait d’une suite de Sonnets précieux :

             BOUTIQUE JAPONAISE.

    Parmi les javelots, les sabres et les casques
    Et les gais éventails, peints d’un pinceau savant,
    Sous l’œil de gros Boudhas aux postures fantasques,
    Mademoiselle Fleur dort sur le frais divan.

    A la voir aussi frêle et souple, de vieux masques
    Ridés et craquelés ont un rire vivant,
    Des chiens bleus de Corée et d’horribles tarasques
    La guettent, cramponnés au soyeux paravent.

    Très calme, elle repose. Et sur son teint de pêche
    Ses longs cils font de l’ombre. Et son haleine fraîche
    Souffle un parfum de thé, de menthe et de santal.

    Un rayon d’or mourant baise sa robe mauve.
    Sur un socle de laque un bon pélican chauve
    La regarde dormir d’un air sentimental.

Et c’est ainsi que, sans effort, sans y attacher d’importance, il jonglait avec les rimes dorées en manière de passe-temps. Sa puissance de travail