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Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/194

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Pour ne parler que de la musique, il n’y en aurait déjà plus ; ceci n’est pas une plaisanterie. Après avoir voulu affranchir le drame lyrique des entraves dont gémissaient tous les esprits clairvoyants, on a déclaré tout autre musique que celle du drame lyrique moderne, indigné de l’attention des gens intelligents ; puis on a disloqué la musique, supprimant complètement le chant au profit de la déclamation pure, ne laissant de vraiment musical que la partie instrumentale, développée à l’excès ; alors on a ôté à celle-ci toute pondération, tout équilibre ; on l’a peu, à peu rendue informe et réduite en bouillie insaisissable et fluide, destinée seulement à produire des sensations, des impressions sur le système nerveux ; et maintenant on vient nous dire qu’il n’en faut plus du tout.

« De toutes les formes musicales, l’opéra, est le plus transitoire, au point qu’on se demande à la lecture comment faisaient les anciennes partitions pour se comporter dramatiquement à la scène. Que subsiste-t-il aujourd’hui du répertoire de Lulli, de Haendel, de Gluck ? Que restera-t-il demain de Rossini, de Meyerbeer ? Seul, Mozart aura survécu, il est le seul qui tienne encore debout sur les planches ; mais son école ? Où sont les Spontini, les Paër, les Méhul ? Une reprise ici et là : une ouverture, un finale qu’on exécute dans les concerts, et puis rien que des noms, qui surnagent pour servir à la discussion ; rien que des conceptions esthétiques….. Autre chose est la musique