II
S’il était vrai, comme le veut M. Camille Bellaigue, que l’expression fut la principale qualité de la musique, celle de Gounod serait la première du monde. La recherche de l’expression a toujours été son objectif : c’est pourquoi il y a si peu de notes dans sa musique, privée de toute arabesque parasite, de tout ornement destiné à l’amusement de l’oreille ; chaque note y chante. Pour la même raison, la musique instrumentale, la musique pure, n’était guère son fait ; après la tentative de deux symphonies dont la seconde avait remporté un assez brillant succès, il abandonna cette voie qu’il sentait ne pas être la sienne. A la fin de sa carrière, des tentatives de quatuor ne le satisferont pas davantage.
Un jour, j’étais allé lui rendre visite, au retour d’un de mes hivernages, et l’ayant trouvé, comme à l’ordinaire, écrivant dans son magnifique atelier auquel un orgue inauguré par moi-même, sur sa demande, quelques années auparavant, donnait un si grand caractère, je lui demandai ce qu’il avait produit pendant mon absence.
— J’ai écrit des quatuors, me dit-il ; ils sont là.
Et il me montrait un casier placé à portée de sa main.