Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 4-5.djvu/269

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de conscience qui a sapé dans sa base le pouvoir théologique.

Je sortirais des bornes d’une préface en insistant davantage sur des observations que tout esprit juste développera aisément, d’après les indications précédentes. Pour moi, je déclare que je ne conçois point du tout comment l’ancien système aurait pu se modifier, et le nouveau se développer sans l’intervention des légistes et des métaphysiciens[1].

D’un autre côté, s’il est absurde de nier la part spéciale d’utilité des légistes et des métaphysiciens pour l’avancement de la civilisation, il est très-dangereux de s’exagérer cette utilité, ou, pour mieux dire, d’en méconnaître la véritable nature. Parle fait même de sa destination, l’influence politique des légistes et des métaphysiciens était bornée à une existence passagère,

  1. Cet intermédiaire était tellement commandé par la nature même des choses, qu’on le retrouve jusque dans la manière de traiter les questions purement scientifiques. Quel est l’astronome, le physicien, le chimiste et le physiologiste qui ne sait qu’avant de passer, dans chaque branche, des idées purement théologiques aux idées positives, l’esprit humain s’est servi pendant longtemps de la métaphysique ? Chacun de ceux qui ont réfléchi sur la marche des sciences, n’est-il pas convaincu que cet état intermédiaire a été utile, et même absolument indispensable pour opérer la transition ?