Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 4-5.djvu/68

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cette occasion, puisque l’on peut dire qu’elle avait à lutter contre toutes les autres forces humaines-réunies. Il s’agissait d’une doctrine dont la vérité (si difficile à apercevoir) choquait directement des intérêts alors tout-puissants, en même temps qu’elle soulevait contre elle tout ce qu’il y a d’orgueil dans la tête et dans le cœur de l’homme.

2e exemple. — Un moine dans sa cellule, seul, sans ressources, sans appui, sans réputation, sans influence d’aucun genre, forme le projet d’abolir le pouvoir papal. Comment, aurions-nous dit à cette époque, Luther peut-il concevoir une pareille utopie et espérer le succès d’un projet aussi insensé ?

Mais ce moine avait observé la marche de l’esprit humain, ce que tout autre jugeait impossible, il l’avait reconnu inévitable et mûr pour l’exécution. Il se décide, et, dès la première année, il détermine le commencement de la réforme, qui a détruit l’autorité pontificale dans la moitié de l’Europe, et qui en a ébranlé les fondements dans l’autre moitié.

Les historiens n’ayant point fixé jusqu’à ce jour notre attention sur la marche de la civili-