Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 6-7.djvu/15

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La passion qu’on a le plus cherché à mettre en jeu, chez vous, dans le dessein de s’en faire une arme offensive contre les Bourbons, c’est l’amour-propre national. On s’est étudié de toutes les manières, et on est malheureusement parvenu à lier dans votre esprit, d’une part, avec l’idée de la noblesse de Napoléon celle d’une haute gloire nationale, à tout jamais regrettable, acquise sous sa domination, et qu’elle seule peut ranimer; et, d’une autre part, avec l’idée des Bourbons, celle de l’humiliation et de la décadence du nom français.

J’avoue, Messieurs, que si quelqu’un pouvait observer cette double association d’idées sans être révolté, il ne saurait ce qu’il doit admirer le plus, ou de l’adresse perfide de la faction anti-bourbonienne, ou de votre bonhomie.

Qui d’entre vous aurait pensé, Messieurs, dans le temps que vous supportiez avec amertume tous les fléaux que la domination de Bonaparte faisait tomber sur vous, que, quelques années après, et lorsque cette domination aurait cessé, une telle époque vous serait impudemment re-