Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/10

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raison à un parti, y étoit d’une fidélité à toute épreuve, savant avec beaucoup d’esprit et le plus honnête homme qui fût en Espagne.

Outre ce conseil d’État, que je n’ai pas rangé dans l’exactitude du rang ni parlé de tous ses membres, il y avoit encor ; quelques seigneurs dont les grands emplois ne permettoient pas qu’il se délibérât rien d’aussi important sur la monarchie sans eux. Tels étoient le duc de Medina-Sidonia, l’aîné des Guzman, majordome-major du roi ; le comte de Benavente, l’aîné des Pimentel, sommelier du corps ; don Fernand de Moncade, dit d’Aragon, duc de Montalte, président des conseils d’Aragon et des Indes ; don Nicolas Pignatelli, duc de Monteléon, chevalier de la Toison, qui a été vice-roi de Sardaigne, et un des plus grands seigneurs des royaumes de Naples et de Sicile ; et le marquis de Villena ou duc d’Escalona, par son rare mérite et les grands emplois par lesquels il avoit passé.

Medina-Sidonia[1] étoit un homme très bien fait, d’environ soixante ans, qui ne manquoit pas d’esprit, vrai courtisa a, complaisant, liant, assidu, fort haut, très glorieux ; en même temps très poli, libéral, magnifique, ambitieux à l’excès et d’une probité peu contraignante, de ces hommes enfin à qui il ne manque rien pour cheminer et pour arriver dans les cours, et grand autrichien. Il étoit aîné de la maison de Guzman.

Benavente, fort bon homme et le meilleur des hommes, sans esprit, sans talent aucun, mais plein d’honneur, de droiture, de probité et de piété.

Montalte, homme d’esprit, de courage, de capacité et d’une foi suspecte, mais qui en savoit plus qu’aucun, fort autrichien, profond dans ses vues et dans ses voies, que tous regardoient mais sans se fier en lui.

Monteléon, italien jusque dans les moelles et autrichien

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