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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/107

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les grands n’ont pas, qui est de pouvoir, comme les grandes dames, aller par la ville en chaise à porteurs entourés de leur livrée à pied, suivis de leur carrosse avec leurs gentilshommes dedans, et de monter en chaise le degré du palais jusqu’à la porte de la première pièce extérieurement. Je ne m’étends point sur le conseil d’État, parce qu’il tomba fort peu après l’arrivée du roi, et qu’il est demeuré depuis en désuétude. Il a fait rarement des conseillers d’État, mais toujours sans fonctions.

Je parlerai avec la même sobriété du secrétaire des dépêches universelles par la même raison. Ubilla a été le dernier, et ne le demeura pas longtemps.

C’étoit presque nos quatre secrétaires d’État ensemble pour le crédit et les fonctions[1], mais non pas pour le reste. Il étoit demeuré pour l’extérieur comme nos secrétaires d’État d’autrefois et comme eux venu par les emplois de commis dans les bureaux, ce qui peut faire juger de leur naissance et de leur état. Au conseil d’État, ils étoient au bas bout de la table auprès de leur écritoire, rapportant les affaires, lisant les dépêches, écrivant ce qui leur était dicté, sans opiner et toujours à genoux sur un petit carreau qui leur fut accordé à la fin, à cause de la longueur des conseils, et tête à tête avec le roi de même. Ils étoient fort craints et considérés, mais ils n’alloient point avec la noblesse même ordinaire. De six qu’ils sont des débris de celui des dépêches universelles, j’en ai vu deux, celui qui travailloit toujours avec le roi et celui de la guerre qui n’y travailloit guère, et jamais ne le suivoit en aucun voyage hors Madrid, qui tâchoient de se mettre sur le pied de nos secrétaires d’État d’aujourd’hui, surtout le premier, qui étoit Grimaldo, quoique venu des bureaux comme les autres, et Castellar, qui est mort ici depuis ambassadeur, frère de Patino, alors premier ministre.

Passons maintenant à la cour, et voyons-en les principaux

  1. Voy., sur les secrétaires d’État, t. II p. 43, note.