Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/306

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les testaments des rois pour être du conseil de régence. Très-peu ont eu part au testament de Charles II. Tous furent appelés à son ouverture, et tous sans opiner pour s’y soumettre, cas unique en singularité et nécessité qui ne leur ajoute aucun droit.

Nul couronnement des rois d’Espagne depuis les rois catholiques, et nul habillement royal en aucune occasion ; nul habit distinctif ni particulier aux grands ni à leurs femmes.

Nul rang ni distinction dans l’ordre de la Toison, ni dans les autres d’Espagne. Rang avec tous par ancienneté dans l’ordre, et en mémé réception par âge.

Prennent des emplois municipaux fort au-dessous d’eux, et qui ne les mènent à rien.

Bâtards devenus grands.

Exemples, et plusieurs, et de plusieurs règnes, et d’Espagnols et d’étrangers, qui ont acheté et payé fort cher et fort publiquement la grandesse ; même entre les étrangers de naissance distinguée, plusieurs encore existants.

Nul serment pour la dignité de grand d’Espagne, parce qu’elle n’a que rang, honneurs, etc., et nulle sorte de fonction.

Le nombre des grands d’Espagne beaucoup plus grand en Espagne même que celui des ducs en France, sans compter les grands établis en Italie et aux Pays-Bas, même avant l’avènement de Philippe V à la couronne, et fort augmenté depuis.

Et nombre qui ne diminue presque jamais par la succession à l’infini par les femelles, en sorte qu’il ne peut guère diminuer que par la chute des grandesses à d’autres grands par héritage, comme le duc de Medina-Celi qui en a recueilli seize ou dix-sept qui toutes sont sur sa tête, et qui toutes ne peuvent passer de lui que sur la même tête, sans que celui qui en a ce grand nombre ait la moindre préférence en rien par-dessus les autres grands ni même parmi