Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/92

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grand-père du comte d’Oropesa étoit cousin germain de Jean, duc de Bragance, que la fameuse révolution de Portugal mit sur le trône en 1640, dont la quatrième génération y est aujourd’hui. Ce même grand-père de, notre comte d’Oropesa étoit petitfils puîné de Jean Ier, duc de Bragance, et eut Oropesa par sa mère Béatrix de Tolède. Le père de notre comte passa par les vice-royautés de Navarre et de Valence, eut la présidence du conseil d’Italie, fut fait grand d’Espagne et mourut en 1671. Cette branche d’Oropesa, quoique si proche et si fraîchement sortie de celle de Bragance, en étoit mortellement ennemie.

Lorsque l’Espagne eut enfin reconnu le roi de Portugal, il vint un ambassadeur de Portugal à Madrid. Le jour de sa première audience, Oropesa fit lever son fils malade de la fièvre, qui étoit dans les gardes espagnoles, et lui fit prendre la pique devant le palais, afin, dit-il, que le roi de Portugal sût quelle étoit la grandeur du roi d’Espagne, qui étoit gardé par ses plus proches parents. Ce fils est notre comte d’Oropesa, qui fut capitaine général de la Nouvelle-Castille, conseiller d’État, président du conseil d’Italie comme son père, très bien avec Charles II, qui le fit président du conseil de Castille et premier ministre, et qui deux ans avant sa mort l’exila, comme je l’ai raconté.

Tout d’un temps achevons la fortune de ce seigneur et de cette branche : lassé de son exil, auquel il ne voyoit point de fin, il passa du côté de l’archiduc en 1706, et mourut à Barcelone, en décembre de l’année suivante, à soixante-cinq ans. Il avoit mené ses deux fils avec lui. Le marquis d’Alcaudete eut douze mille livres de pension de l’empereur sur Naples et ne fit ni fortune ni alliance, l’aîné passa à Vienne, fut chambellan de l’empereur, chevalier de la Toison d’or en 1712, puis garde-sceau de Flandre. Il était gendre et beau-frère des ducs de Frias, connétables de Castille. La paix étant faite en 1725, en avril, entre l’empereur et Philippe V, le comte d’Oropesa revint avec sa femme en Espagne, où il mourut bientôt après. Son fils unique y épousa fort jeune la