prendre pour un chevalier du Saint-Esprit ; il y en a peut-être d’autres exemples que j’ignore.
Ces abus me font souvenir de ce que me conta la maréchale de Chamilly, quelque temps après que son mari fut chevalier de l’ordre. Il entendoit la messe, et portoit l’ordre par-dessus, comme il étoit rare alors qu’aucun le portât par-dessous. Une bonne femme du peuple, qui étoit derrière ses laquais, en tira un par la manche, et le pria de lui dire si ce cordon bleu là étoit un véritable chevalier de l’ordre. Le laquais fut si surpris de la question de la part d’une femme qu’il ne jugeoit pas avec raison savoir cette différence, qu’il le conta à son maître au sortir de la messe.
Les Suédois y furent attrapés à M. d’Avaux, dont on vient de voir le marché de sa charge à son neveu ; et lui firent toutes sortes d’honneurs. Quelque temps après ils surent que c’étoit un conseiller d’État de robe qui avoit une charge de l’ordre. Ils cessèrent de le considérer et de le traiter comme ils avoient fait jusque-là, et cette fâcheuse découverte nuisit fort au succès de son ambassade.
CHAPITRE IX.