Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/245

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visites qu’avec Madame, n’alla point, mais Mme la duchesse de Chartres puis d’Orléans alla partout. Elle continua longtemps encore après la mort de Monsieur ; puis, sous prétexte d’incommodité, après de paresse, et que ces visites ne finissoient point, elle se rendit plus rare chez les femmes non titrées, et finalement se laissa entendre à ces mariages du marquis de Roye, de Nangis et du vidame, qu’elle n’irait plus chez pas une que chez celles à qui, par amitié seulement et non plus par un devoir qui la fatiguoit, elle voudroit bien faire cette distinction. On s’en plaignit et ce fut tout. On vouloit plaire, aller à Marly, et par conséquent ne pas se brouiller avec elle, quoiqu’à dire vrai elle n’influât en rien. Mais telle est la misère du monde. Le roi mort et M. le duc d’Orléans régent, il se défit de tous devoirs et de toutes visites sous prétexte qu’il n’en avoit pas le temps, et Mme sa femme se laissa entendre qu’elle ne visiteroit plus que les princesses du sang. Ainsi elle fit comme la reine, et comme M. le duc d’Orléans étoit alors roi pour longtemps, dans le bas âge du véritable, cela passa sans que personne osât souffler. Tels ont été les progrès sur les visites. Tout ce qui en est resté sont celles des princes et des princesses du sang, que les prétextes de Marly et d’autres absences retranchent tant qu’elles peuvent. Mais quelques usurpations qu’elles aient faites en tout genre, elles n’en sont pas venues encore, en 1741, à déclarer qu’elles ne visiteroient plus même les femmes non titrées.

Il faut dire tout de suite que, dans les premiers jours de cette année, M. le prince de Conti perdit son second fils à l’âge de sept mois. On n’avoit point porté le deuil des enfants du roi et de la reine, ni de ceux de Monsieur, morts en nombre jusqu’à l’âge de sept ans, ni fait de compliment sur ces pertes. Le désir de relever les bâtards avoit fait porter le deuil d’un maillot de M. du Maine et lui faire des compliments. Il n’y eut donc pas moyen de l’éviter pour celui du prince de Conti. Au lieu d’un gentilhomme ordinaire que