Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/271

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un dédommagement de la satisfaction qu’il avoit été si fort en droit d’obtenir, et qui marquât du moins celle que le roi avoit de sa conduite. Le faire évêque ? il étoit encore assez jeune et bien fait, il avoit eu des galanteries, et il étoit du nombre de ces abbés sur qui le roi s’étoit expliqué qu’il n’en élèveroit aucun d’eux à l’épiscopat. Des abbayes ? cela ne remplissoit pas leur but de quelque chose d’éclatant. Ils se tournèrent tous sur l’ordre du Saint-Esprit, comme sur un honneur qui marqueroit continuellement sur sa personne la satisfaction que le roi avoit eue de sa conduite, une distinction très grande dans le clergé par le petit nombre de ces places, et une place d’autant plus flatteuse qu’elle étoit comme sans exemple.

En effet, le seul prêtre commandeur de l’ordre qui ne fût point évêque était un Daillon du Lude[1], fils d’une Batarnay et du premier comte du Lude, gouverneur de Poitou, la Rochelle et pays d’Aunis, et lieutenant général de Guyenne, qui parut fort en son temps ; et cet abbé, parent des Joyeuse et des Montmorency par sa mère, étoit frère du second comte du Lude, gouverneur de Poitou, sénéchal d’Anjou et chevalier du Saint-Esprit en 1581. Ses trois sœurs épousèrent trois seigneurs, tous trois chevaliers du Saint-Esprit[2].

Le maréchal de Matignon, Philippe de Volvire, marquis de Ruffec, gouverneur de Saintonge et d’Angoumois ; et François, seigneur de Malicorne et gouverneur de Poitou après son beau-frère. Le frère de René de Daillon, commandeur de l’ordre, fut trisaïeul du comte du Lude, mort duc à brevet et grand maître de l’artillerie. J’ai détaillé exprès cette courte généalogie pour montrer quel fut ce René de Daillon, qui de plus s’étoit jeté dans Poitiers avec ses frères, en 1569,

  1. Guy de Daillon, comte du Lude, etc., étoit fils de Jean de Daillon et d’Anne de Batarnay.
  2. Françoise de Dailion épousa, en 1558, Jacques Goyon, seigneur de Matignon, comte de Thorigny et maréchal de France ; Anne de Daillon fut mariée à Philippe de Volvire, marquis de Rufïec ; enfin une seconde Françoise de Daillon à. Jean de Chourses, seigneur de Malicorne.