Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/289

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Roland, un autre de leurs chefs, pour un de leurs officiers qui avoit pris le nom de Catinat, et pour quatre cents hommes qu’ils avoient là avec eux, un passeport et une route pour eux tous jusque hors du royaume, permission à tous les autres qui voudroient sortir du royaume d’en sortir à leurs dépens, liberté de vendre leurs biens à tous ceux qui désireroient de s’en défaire, enfin le pardon à tous les prisonniers de leur parti. Cavalier vit ensuite le maréchal de Villars avec une égalité de précautions et de gardes qui fut trouvée fort ridicule. Il quitta les fanatiques moyennant douze cents livres de pension et une commission de lieutenant-colonel ; mais Roland ne s’accommoda point et demeura le chef du parti, qui continua à donner de la peine. Ce fut un concours de monde scandaleux pour voir Cavalier partout où il passoit. Il vint à Paris et voulut voir le roi, à qui pourtant il ne fut point présenté. Il rôda ainsi quelque temps, ne laissa pas de demeurer suspect, et finalement passa en Angleterre, où il obtint quelque récompense. Il servit avec les Anglois ; et il est mort seulement cette année fort vieux dans l’île de Wight, où il étoit gouverneur pour les Anglois depuis plusieurs années, avec une grande autorité et de la réputation dans cet emploi.

Enfin, à la mi-mai, Barbezières, sorti des prisons de Gratz, fut remis dans Casal à M. de Vendôme. Il avoit été gardé à vue avec la dernière dureté et si mal traité qu’il en tomba fort malade. Averti de son état, il demanda un capucin ; quand il fut seul avec lui, il le prit à la barbe, qu’il tira bien fort pour voir si elle n’étoit point fausse et si ce n’étoit point un capucin supposé. Ce moine se trouva un bon homme qui, gagné par la compassion, alla lui-même avertir M. de Vendôme. Outre le devoir de général, il aimoit particulièrement Barbezières, tellement qu’il manda aux ennemis qu’il étoit informé de leur barbarie sur un lieutenant général des armées du roi, et qu’il alloit traiter de même tous les prisonniers qu’il tenoit, et sur-le-champ