Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/299

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Le Hollandois bombarda, dix heures durant, Bruges où il ne fit presque point de dommage, et se retira très promptement tout au commencement de juillet ; et, à la fin du même mois, il jeta pendant deux jours trois mille bombes dans Namur, qui brûlèrent deux magasins de fourrages et coûtèrent à. la ville environ cent cinquante mille livres de dommage.

M. de Vendôme assiégea enfin Verceil. Il le promettoit au roi depuis longtemps ; il y ouvrit la tranchée le 16 juin. La place capitula le 19 juillet, mais Vendôme les voulut prisonniers de guerre. Il leur permit seulement les honneurs militaires et de sortir par la brèche au bas de laquelle ils posèrent les armes. Trois mille trois cents hommes sortirent sous les armes. On trouva dedans tout le nécessaire pour le plus grand siège. Ce fut le prince d’Elbœuf qui apporta cette nouvelle.

M. de Savoie ne cessoit de secourir les fanatiques ; le chevalier de Roannois prit une tartane[1] pleine d’armes et de réfugiés, et en coula une autre à fond, chargée de même. Toutes deux étoient parties de Nice ; une troisième, pareillement équipée, échoua et fut prise sur les côtes de Catalogne, que le vent avoit séparée de ces deux. Il y avoit de plus un vaisseau rempli d’armes, de munitions et de ces gens-là qu’il ne put prendre. L’abbé de La Bourlie y étoit embarqué, après être sorti du royaume sans aucun prétexte ni cause de mécontentement. Il s’étoit arrêté longtemps à Genève, puis avoit été trouver M. de Savoie, qui le jugea propre à aller soutenir les fanatiques en Languedoc.

Comptant y arriver incessamment, il s’y étoit annoncé en y faisant répandre quantité de libelles très insolents, et très séditieux, où il prenoit la qualité de chef des mécontents et de Farinée des hauts alliés en France. On surprit aussi de ses lettres à La Bourlie, son frère, qu’il convioit à le venir trouver et se

  1. Les tartanes étaient de grosses barques de pêcheurs, qui allaient à rames et àvoiles. Elles étaient en usage «sur la Méditerranée.