Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/54

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de leur oncle, et, jusqu’au colonel général de la cavalerie[1] ; il l’avoit tant qu’il pouvoit dans son armée, et lui témoignoit toutes sortes de prédilections. Partout il vivoit non seulement avec toute sorte de magnificence, mais avec splendeur, sans intéresser en rien sa modestie et sa simplicité naturelle ; aussi jamais homme si aimable dans le commerce, si égal, si sûr, si aise d’y mettre tout le monde, ni plus honnêtement gai ; aussi jamais homme si tendrement, si généralement, si amèrement ni si longuement regretté.




CHAPITRE III.


Mort de la duchesse de Gesvres. — Trianon. — Retour de Fontainebleau. — Mort du comte de Noailles. — Succès des alliés en Flandre. — Marlborough pris et ignoramment relâché. — Vendôme court la même fortune. — Prince d’Harcourt salue enfin le roi. — Sa vie et son caractère, et de sa femme. — Retour brillant du maréchal de Villeroy après une dure captivité ; sa lourde et vaine méprise ; est déclaré général de l’armée en Flandre. — Mort du chevalier de Lorraine. — Retour et opération du comte d’Estrées. — Comte d’Albert, Pertuis et Conflans sortent de prison. — Charmois et du Héron chassés de Ratisbonne et de Pologne. — Catinat retiré ne sert plus. — Mgr le duc de Bourgogne entre dans tous les conseils. — Ubilla assis au conseil. — Régiments des gardes espagnole et wallonne. — Orry et sa fortune. — Marsin de retour. — Dispute entre le chancelier et les évêques pour le privilège de leurs ouvrages
  1. Le colonel général de la cavalerie légère était Frédéric-Maurice de La Tour, comte d’Auvergne, fils du duc de Bouillon et neveu de Turenne. Cette phrase a été altérée par les anciens éditeurs qui ont cru devoir ajouter le mot régiment. Voici le texte qu’ils ont substitué à celui du manuscrit : « Tous les Bouillon lui étoient singulièrement chers à cause de son oncle, et jusqu’au régiment ; colonel général de la cavalerie, il l’avoit tant qu’il pouvoit dans son armée, s etc. On a supposé que c’était le maréchal de Lorges qui était colonel général de la cavalerie et qu’il avait dans son armée un prétendu régiment de Bouillon, dont ne parle pas Saint-Simon.