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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/70

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conséquent avoir besoin de permission pour les faire imprimer : le chancelier maintenant son ancien droit, et que, sans prétendre s’en arroger aucun sur la doctrine, c’étoit à lui à empêcher que, sous ce prétexte, les disputes s’échauffassent jusqu’à troubler l’État ; qu’il ne se glissât des sentiments qui, n’étant que particuliers, ne feroient que les aigrir ; que la domination anciennement usurpée par les évêques, et sagement réduite à des bornes tolérables, ne vint à se reproduire ; enfin à veiller qu’il ne se glissât rien dans ces ouvrages de contraire aux libertés de l’Église gallicane.

Cette fermentation dura jusqu’à ce que M. de Meaux, et M. de Chartres vinrent à y prendre une part personnelle pour leurs ouvrages prêts à être publiés contre M. Simon, savant inquiet, auteur d’une foule d’ouvrages ecclésiastiques, entre autres une traduction du Nouveau Testament avec des remarques littérales et critiques que M. le cardinal de Noailles et M. de Meaux condamnèrent par des instructions pastorales. Il se rebéqua par des remontrances. M. de Meaux et M. de Chartres écrivirent contre lui ; et ce furent ces ouvrages qu’ils prétendirent soustraire à l’inspection et à l’autorité du chancelier, qui fit l’éclat couvé depuis assez longtemps. Avec cet appui les évêques haussèrent le ton, et prétendirent que c’étoit à eux, chacun dans son diocèse, à donner la permission d’imprimer les livres sur la religion, et non à d’autres à les examiner ni à en permettre ou défendre l’impression. L’affaire s’échauffa. Mme de Maintenon, de longue main assez peu contente du chancelier pour avoir été ravie de s’en défaire aux finances, et à la marine par les sceaux, gouvernée d’ailleurs tout à fait par M. de Chartres, et raccommodée avec M. de Meaux par l’affaire de M. de Cambrai, se déclara pour eux contre lui. Le roi, tout obsédé qu’il étoit par une partialité si puissante et par les jésuites, qui poussoient le P. de La Chaise contre le chancelier, qu’ils regardoient comme leur ennemi parce qu’il aimoit les règles et qu’il étoit exact et délicat sur toutes les matières