Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/462

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d’engager plusieurs gens de distinction dans le projet et d’aller catéchiser (ce sont ses termes) dans les provinces d’Andalousie et d’Estrémadure, où il a beaucoup de connoissances. »

Amelot revient sur ce sujet dans une lettre adressée à Louis XIV le 19 août 1709 [1] :

« Votre Majesté me marque, par rapport à l’affaire du sieur Flotte, que les circonstances en sont si fâcheuses de quelque côté qu’on les regarde, que le seul parti qu’il y ait à prendre est celui de l’assoupir au plus tôt et de finir les recherches dont la découverte ne peut produire que de mauvais effets ; que Votre Majesté demande au roi, votre petit-fils, d’observer un secret que vous souhaiteriez pour ses propres intérêts qu’il n’eût jamais laissé pénétrer ; qu’il ne faut plus songer qu’à faire cesser l’éclat que la résolution du roi d’Espagne a causé et que j’y dois travailler pendant le temps qu’il me reste à demeurer à Madrid.

« J’ai commencé à m’acquitter, Sire, des ordres de Votre Majesté en informant le roi d’Espagne que je les avois reçus et en le pressant, autant qu’il m’a été possible, de finir les recherches dont il s’agit, remettant les sieurs Flotte et Renaut à la disposition de Votre Majesté. Je lui ai représenté les raisons expliquées dans la dépêche de Votre Majesté et celles que la connoissance de l’affaire offre naturellement à l’esprit. Sa Majesté Catholique m’a répondu qu’elle souhaitoit montrer en tout sa déférence aux sentiments de Votre Majesté ; qu’elle avoit envoyé ordre à Ségovie d’interroger encore une fois les sieurs Flotte et Renaut, surtout le premier qui s’étoit contredit dans ses déclarations sur plusieurs articles importants, et qu’aussitôt après qu’elle auroit vu leurs réponses elle prendroit sa résolution, dont elle me feroit part. Ce prince m’a dit que, pour ce qui est du secret, il avoit été gardé de sa part avec la dernière exactitude, et que, si le sieur Flotte n’avoit pas tenu les discours que l’on sait à un grand nombre d’officiers et d’autres personnes, le véritable motif de sa prison n’auroit jamais été pénétré. Je continuerai, Sire, à presser Sa Majesté Catholique d’assoupir entièrement cette affaire., ainsi que Votre Majesté me l’ordonne. »

La lettre d’Amelot à Louis XIV, en date du 26 août 1709, parle encore de Flotte et de Renaut :

« Le roi d’Espagne a reçu avant-hier les dernières interrogations des sieurs Flotte et de Renaut ; elles sont différentes des premières en bien des choses et presque conformes entre elles ; ainsi il y a lieu de croire qu’elles contiennent les faits dans leurs véritables circonstances. Je presse Sa Majesté Catholique de finir au plus tôt cette affaire, suivant l’avis de Votre Majesté. J’espère que cela n’ira pas loin, et je pourrai peut-être en savoir quelque chose de plus positif avant le départ de l’ordinaire. »

  1. Papiers des Noailles, ibidem., lettre 50.