Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/73

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monde : le prince Robert, qui s’établit en Angleterre, et qui y parut avec réputation dans le parti du malheureux roi Charles Ier pendant les guerres civiles qui conduisirent ce monarque sur l’échafaud, à la honte éternelle des Anglois ; le prince Maurice, qui, comme Robert, ne se maria point, et qui périt en mer à trente-trois ans, en 1654, allant tenter un établissement en Amérique ; Édouard, qu’on appeloit le prince palatin, se fit catholique, passa longtemps en France, y épousa Anne Gonzague, sœur de la reine de Pologne, et fille de Charles, duc de Mantoue et de Nevers, qui dut, son État à Louis XIII en tant de façons, à la valeur personnelle de ce grand roi au pas de Suse si célèbre, dont j’ai parlé ailleurs, et au mépris qu’il fit de la peste qui infectoit alors les Alpes et les lieux où il passa.

Cette Anne Gonzague, belle-soeur de Mme de Maubuisson, est la même qui, sous le nom de princesse palatine, figura si habilement dans la minorité de Louis XIV, opéra la sortie des princes du Havre, et se lia d’une si grande amitié avec M. le Prince que, à son retour après la paix des Pyrénées, ils marièrent leurs enfants en 1663, quelques mois après la mort d’Édouard, qui mourut catholique à Paris. Elle eut deux autres filles : la princesse de Salm, dont le mari fut gouverneur de l’empereur Joseph ; et la duchesse d’Hanovre, de qui j’ai parlé plus d’une fois, qui n’eut que deux filles : l’une mère du duc de Modène d’aujourd’hui, l’autre que son oncle le prince de Salm persuada à l’empereur Léopold de faire épouser à Joseph, son fils, empereur après lui, qui n’en a laissé que la reine de Pologne, électrice de Saxe, et l’électrice de Bavière, aujourd’hui impératrice.

Ce prince Édouard et la princesse palatine sa femme avoient avec eux Louise Hollandine, sœur d’Édouard, née en 1622, qui se fit catholique à Port-Royal, où elle fut élevée, et dont elle prit parfaitement l’esprit. Elle suivit un détachement qui se fit de ce célèbre monastère, qui alla réformer celui de Maubuisson ; elle s’y fit religieuse et en fut