Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 8.djvu/207

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la sienne dans la justesse de ce qu’elle lui impose, par rapport à son état, qu’il s’affranchisse de tout ce qui n’en est pas l’essence par cette douce liberté des enfants de Dieu, qui de l’intérieur se répand aux choses extérieures. Qu’il cesse de mettre sous le boisseau cette pure et brillante lumière que Dieu même, en l’en revêtant, a placée sur le plus haut chandelier ; qu’il paroisse donc tout ce que véritablement il est, et, pour ne point tomber dans la répétition des justes éloges qui ont commencé et qui doivent finir ce Discours, qu’il s’assure qu’il paroîtra, comme autrefois Tite, les délices du genre humain, et que, sans rien perdre de la sainteté de saint Louis, il se montrera aussi grand que les derniers rois ses illustres et magnanimes pères ; que pour cela il n’a qu’à le bien vouloir, puisqu’il ne s’agit que d’en développer la vérité et la réalité au monde, lesquelles sont avec tant d’abondance en Mgr le duc de Bourgogne.

Vous avez si absolument voulu que je vous écrivisse mes pensées sur Mgr le duc de Bourgogne, et qu’en même temps je vous rendisse compte de celles qui ont prévalu dans le monde sur ce prince, que je n’ai pas cru qu’il me fût permis de rien omettre des miennes ni de celles du public. J’ai remarqué, en commençant, que l’oisiveté devenue l’apanage de mon état me répand plus que vous dans le monde, et m’y expose à entendre ses sottises. Vous m’êtes témoin combien souvent et vivement elles m’ont irrité, par rapport à Mgr le duc de Bourgogne ; et, outre le public que je n’ai pas redouté sur cela, j’en ai autant de témoins que d’amis particuliers et ce qu’il y a de personnes principales des deux sexes avec lesquelles je vis en privance. C’est maintenant à votre profonde sagesse et votre judicieux discernement à juger de ce que vous m’avez contraint d’exposer sous vos yeux, et à moi à m’y abandonner sans réserve. La matière en est telle, qu’il ne faut pas un moindre ni un moins ancien respect que celui que je vous ai voué pour vous donner cette marque si singulière de mon entière obéissance. L’usage en