Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Outre ce que m’a dit M. de Chevreuse, instruit par d’Antin du règlement, M. le duc d’Orléans m’a dit savoir de d’Antin même qu’il alloit être fait duc et pair. N’en est-ce pas assez pour qu’un homme qui est sur les lieux puisse être en peine de son autre cause, et s’adresser pour cela à vous, qu’on sait avoir travaillé insolitement avec le roi, en le faisant avec toutes les mesures possibles ? « Mais en voilà trop pour une lettre et assez pour un supplément de mémoire. Trouvez bon que je vous supplie de le peser avec bonté et réflexion réitérée. Pour le secret, je le garde tel que, encore que vous m’ayez permis dans tout le cours de ceci de tout dire à M. d’Harcourt, je l’ai néanmoins traité en dernier lieu comme les autres, c’est-à-dire comme MM. de Chevreuse et de Charost, à qui j’ai constamment dit que je n’ai pu rien tirer de vous sur votre travail avec le roi, et que Sa Majesté vous avoit défendu d’en dire une parole. Ce qui m’a obligé d’en user ainsi avec M. d’Harcourt a été lé point sensible du sacre, et que je me suis cru plus sûr d’arrêter M. d’Harcourt, tout mesuré qu’il est, en le lui taisant, et pour le lui taire en lui taisant tout détail, qu’après le lui avoir dit. Comptez donc, monsieur, quoi qu’il arrive, sur ma fidélité, sur une inexprimable reconnoissance et sur un attachement sans mesure. »

Il faut maintenant expliquer deux choses : ma citation de M. le duc d’Orléans sur d’Antin et ma pensée pour un de mes fils.

Le roi, comme on l’a vu, avoit rejeté toute communication du projet de règlement à quelques ducs, que le chancelier lui avoit proposée, [à] moi entre autres, et comptoit que nous ignorions ce qui se passoit là-dessus. Ainsi le chancelier m’avoit renvoyé cette lettre ostensible au roi, que je lui avois écrite. La vivacité de son style montre combien il trouvoit impraticable de la lui montrer, parce que c’étoit lui montrer en même temps que j’étois dans la bouteille. Tant qu’il l’ignoroit, je ne pouvois me présenter, et il m’importoit