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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/256

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d’y être reçu par le serment, et la prise de possession personnelle, essentiellement requis, qui l’en investit, qui le déclare et le manifeste officier. Les formalités plus ou moins anciennes ou variées qui accompagnent la réception n’en sont que les concomitances, et n’en changent point la nature ; et c’est cette réception qui dans tous les âges a fixé le rang des pairs entre eux, qui sans interruption, s’y sont accordés depuis les premiers temps jusqu’aux nôtres. De cette explication il résulte qu’avoir accompli la loi des fiefs par l’enregistrement ; et non celle des offices par la réception, ce n’est point être en possession, ni avoir rendu en soi entière et complète une dignité mixte de fief et d’office qui tient de l’un et de l’autre son existence en toute égalité, conséquemment que le rang de cette dignité, quoique assurée, ne peut être fixé en cet état, et ne l’est point ; d’où il se démontre que celui qui, postérieurement à l’accomplissement de l’une de ces lois, et antérieurement à l’accomplissement de l’autre ; les a, lui, accomplies toutes les deux, que celui-là, dis-je, a rendu sa dignité entière et complète en lui, qu’il est grand officier avant l’autre, grand vassal même avant l’autre, puisque tous deux n’ayant point été faits séparément ducs, séparément pairs, par deux érections différentes et distinctes, mais ducs et pairs chacun par une seule et même érection, cet autre tout enregistré qu’il est, ne peut être valablement et réellement grand vassal qu’il n’ait fait ce qu’il faut pour être aussi grand officier, puisqu’il est fait l’un et l’autre ensemble par une seule et même dignité mixte de grand fief et de grand office, dont le fief et l’office ensemble et par indivis forment ensemblement l’existence, en sont également, conjointement, concurremment parties intégrantes, tellement que sans ces deux choses achevées également et accomplies suivant leurs lois, il ne se peut dire qu’aucune d’elles le soit véritablement et par effet. Venons maintenant à la prétendue difficulté, proposée par M. de La Rochefoucauld, du changement de rang d’ancienneté