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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/5

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que ces princes se sont introduits dans le chapitre, ne veulent plus souffrir de princes dans les leurs ; ce que celui de Trêves craignoit du frère du duc de Lorraine et qui lui arriva. Les prières et les menaces furent employées par la cour de Vienne ; M. de Lorraine traita et répandit l’argent à pleines mains. L’archevêque, qui étoit un baron d’Orgbreicht, et qui avoit soixante-quinze ans, fut gagné ; la brigue emporta les chanoines, et le frère du duc de Lorraine fut élu coadjuteur sur la fin de septembre.

L’empereur fit incontinent après une perte d’un de ses plus effrénés partisans, en la personne du cardinal Grimani, qui n’eut de dieu que son service, à qui les crimes ne coûtoient rien, et qui en fut singulièrement récompensé de la vice-royauté de Naples, où il mourut à la grande satisfaction de ce royaume, qu’il tyrannisoit fort, et du pape et de tout Rome, qu’il maîtrisoit sans ménagement d’une étrange sorte. Ce prince perdit aussi sa belle-sœur, la duchesse de Modène ; elle n’avoit que trente-neuf ans, et avoit deux ans plus que l’impératrice ; toutes deux filles de la duchesse d’Hanovre, desquelles j’ai parlé à l’occasion de ce qui les fit sortir de France, et de la feue princesse de Salm, dont le mari mourut aussi fort peu après. Il avoit eu les premiers emplois à la cour de Vienne ; il avoit été gouverneur de la personne de l’empereur, et avoit fait son mariage avec sa nièce ; des mécontentements l’avoient fait renoncer à toutes ses charges et à la cour depuis quelques années ; il s’étoit retiré chez lui, et il mourut à Aix-la-Chapelle. Mme la Princesse étoit sœur de sa femme et de la duchesse d’Hanovre. Le roi prit le deuil quatre ou cinq jours de Mme de Modène. M. de Modène avoit l’honneur d’être son parent.

Le jeune comte de Noailles mourut de la petite vérole à Perpignan. De beaucoup de frères qu’avoit eus le duc de Noailles, c’étoit le seul qui restoit. Il lui avoit donné son régiment de cavalerie, et il étoit aussi lieutenant général au gouvernement d’Auvergne. Cela ne vaut que huit mille