Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/120

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dernier l’y confirma de plus en plus. Quelle épouvantable conviction de la fin de son épouse et de la sienne ! mais, grand Dieu ! quel spectacle vous donnâtes en lui, et que n’est-il permis encore d’en révéler des parties également secrètes, et si sublimes qu’il n’y a que vous qui les puissiez donner et en connoître tout le prix ! quelle imitation de Jésus-Christ sur la croix ! on ne dit pas seulement à l’égard de la mort et des souffrances, elle s’éleva bien au-dessus. Quelles tendres, mais tranquilles vues ! quel surcroît de détachement ! quels vifs élans d’actions de grâces d’être préservé du sceptre et du compte qu’il faut en rendre ! quelle soumission, et combien parfaite ! quel ardent amour de Dieu ! quel perçant regard sur son néant et ses péchés ! quelle magnifique idée de l’infinie miséricorde ! quelle religieuse et humble crainte ! quelle tempérée confiance ! quelle sage paix ! quelles lectures ! quelles prières continuelles ! quel ardent désir des derniers sacrements ! quel profond recueillement ! quelle invincible patience ! quelle douceur, quelle constante bonté pour tout ce qui l’approchoit ! quelle charité pure, qui le pressoit d’aller à Dieu ! La France tomba enfin sous ce dernier châtiment ; Dieu lui montra un prince qu’elle ne méritoit pas. La terre n’en étoit pas digne, il étoit mûr déjà pour la bienheureuse éternité.




CHAPITRE V.


Obsèques pontificales à Rome pour le Dauphin. — Époque et date de leur cessation à Rome et à Paris pour les papes et pour nos rois. — Étrange pensée de l’archevêque de Reims sur le duc de Noailles. — Pourquoi [il était] mal avec les Noailles. — Embarras du P. La Rue qui surprend étrangement le roi du changement de confesseur. —