L’enchaînement naturel de toutes ces choses m’emporte, il faut se ramener. Depuis l’extrémité du Dauphin, je ne sortis plus de ma chambre qu’un moment pour voir le roi, et pour aller passer les après-dînées à Versailles, dans celle du duc de Beauvilliers qui ne voyoit presque du tout personne, malade dans son lit, et pénétré de douleur au point où il était. Un soir que j’en revenois, Mme la duchesse d’Orléans me manda que M. le duc d’Orléans et elle s’ennuyoient fort de ne me point voir, et que l’un et l’autre me prioient d’y aller, parce qu’ils avoient quelque chose de pressé à me dire. Je ne les avois point vus depuis le malheur public. Quoique Maréchal m’eût parlé, je n’avois point été assez maître de ma douleur pour aller ailleurs que voir une douleur pareille. Je ne me trouvois en état ni de parler ni encore moins de raisonner ; j’avois l’esprit si peu libre, et je ne voyois de plus rien à faire sur une si atroce, mais si folle calomnie, et forgée dans le sein de la plus tendre faveur. Je priai donc M. [le duc] et Mme la duchesse d’Orléans de trouver bon que je différasse à les voir au lendemain matin.
J’y allai en effet. Je trouvai Mme la duchesse d’Orléans désolée. Elle m’apprit que le marquis d’Effiat étoit venu, la veille au soir, de Paris les avertir des bruits affreux qui y étoient universellement répandus, de l’effet général qu’ils y faisoient ; que le roi et Mme de Maintenon étoient non-seulement