Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/175

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l’époque du premier usage de ce prétendu droit, c’est-à-dire après trois rois grands maîtres, après un grand nombre de promotions, après quatre-vingt-deux ans de l’institution de l’ordre. Il est vrai qu’en 1661, où la promotion fut de cinquante-trois chevaliers, Monsieur eut deux chevaliers, les comtes de Clère et de Vaillac, capitaine de ses gardes, qui se suivirent l’un l’autre immédiatement, et le furent de quatre autres qui fermèrent la promotion, dont le dernier fut Guitaut, premier gentilhomme de la chambre de M. le Prince. Mais ou Monsieur n’en eut qu’un, ou bien Madame n’en eut point. On répète que c’est le premier exemple, on va voir que Monsieur ne s’en tint pas là. En 1688, où la promotion fut de soixante et dix, M. de La Vieuville, duc à brevet et gouverneur de M. le duc de Chartres, ne le fut point sur le compte de Monsieur, ni de M. le duc de Chartres, mais sur le compte du roi, ce qui n’a jamais été mis en doute, et le marquis d’Arcy, aussi de cette promotion, qui ne fut qu’après gouverneur du même prince, n’a pu être mis sur le compte du Palais-Royal ; mais Monsieur en eut deux, Madame un et en fit passer un quatrième sur le compte de M. le duc de Chartres, comme premier prince du sang, quoique petit-fils de France, avec un rang fort supérieur à celui des princes du sang : c’étoit la promotion de promesse d’avance du mariage de M. le duc de Chartres, dont le chevalier de Lorraine avoit répondu au roi, comme on le voit au commencement de ces Mémoires, qui en eut la préséance sur les ducs. Il falloit donc avoir aussi de la complaisance pour Monsieur, sans lui montrer pourquoi, et distinguer le marquis d’Effiat, le compersonnier [1] du chevalier de Lorraine, dans ce marché de la personne de M. de Chartres ; ainsi d’Effiat, quoique de la naissance qu’on n’ignoroit pas, et le marquis de Châtillon furent nommés par Monsieur. D’Effiat

  1. Vieux mot qui signifie associé. Il s’appliquait surtout aux gens de mainmorte qui, daus la Bourgogne, le Nivernais, etc., mettaient leurs biens en commun.