On eut la nouvelle que la reine d’Espagne étoit accouchée le 6 juin d’un prince à Madrid, qu’on nomma don Philippe, et que le 22 mai l’empereur avoit été couronné roi de Hongrie à Presbourg avec grande magnificence.
Vendôme triomphoit en Espagne, non des ennemis de cette couronne, mais des Espagnols et de nos malheurs. À son âge et à celui de ceux que nous pleurions, il se comptoit expatrié pour le reste de sa vie. Leur mort le rendit aux plus flatteuses espérances d’en revenir jouir à notre cour, et d’y redevenir un personnage qui y feroit de nouveau bien compter avec lui. L’Altesse avoit été un fruit aussi prompt que délicieux d’une si surprenante délivrance ; l’assimilation aux don Juan en fut un autre coup sur coup qui acheva de l’enivrer des larmes de la France, où, porté sur ce nouveau piédestal, il projetoit de venir faire le prince du sang en plein par le titre d’en avoir désespéré l’Espagne. Sa paresse, sa liberté de vie, ses débauches avoient prolongé son séjour sur la frontière, où il se trouvoit plus commodément pour satisfaire à tous ses goûts qu’à Madrid, où, bien qu’il ne se contraignît guère, il ne pouvoit éviter quelque sorte de contrainte de représentation et de paroître à la cour. Il y arriva