Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’une méchante paye ce qu’il seroit possible ; mais que, si les pairs n’étoient pas invités de sa part, chacun par le grand maître des cérémonies, ainsi qu’il s’est trouvé pratiqué, pas un seul ne se trouveroit au parlement. Cet avis ferme, et qui eût été suivi de l’effet, comme on a vu qu’il étoit arrivé sur le service de Monseigneur à Saint-Denis, réussit. M. le duc d’Orléans et M. le duc de Berry en parlèrent au roi, et insistèrent, de manière que Dreux alla lui-même chez tous les pairs qui logeoient au château à Versailles, et à ceux qu’il ne trouva point leur laissa le billet qui se trouvera dans les Pièces, portant que M. le duc tel est averti de la part du roi qu’il se traitera tel jour au parlement de matières très-importantes, auxquelles Sa Majesté désire qu’il assiste. Signé, Dreux, et daté. À ceux qui, étoient à Paris, il se contenta de leur envoyer le billet ; pour les princes du sang et légitimés, il fallut qu’il les trouvât, ainsi ils n’eurent point de billet. Les Anglois enfin n’ayant pu obtenir mieux, et pressés au dernier point, comme on l’a dit, de finir, voulurent bien se persuader que c’étoit tout ce qui se pouvoit faire. Voici donc enfin ce qui se fit.

La séance devoit commencer par un compliment du premier président de Mesmes à M. le duc de Berry, qui devoit lui répondre. Il en fut fort en peine. Mme de Saint-Simon à qui il s’en ouvrit, trouva moyen par un subalterne d’avoir le discours du premier président, et le donna à M. le duc de Berry pour y régler sa réponse. Cet ouvrage lui sembla trop fort : il l’avoua à Mme de Saint-Simon, et qu’il ne savoit comment faire. Elle lui proposa de m’en charger, et il fut ravi de l’expédient. Je fis donc une réponse d’une page et demie de papier à lettre commun et d’écriture ordinaire. M. le duc de Berry la trouva fort bien, mais trop longue pour l’apprendre ; je l’abrégeai ; il la voulut encore plus courte, tellement qu’elle n’avoit au plus que les trois quarts d’une page. Le voilà donc à l’apprendre par cœur ; il en vint