Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/371

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puis évêque de Marseille, où il fut chargé de toutes les affaires de Provence, au grand regret du comte de Grignan, lieutenant général de la province, comme on le voit par les lettres de Mme de Sévigné. Ces affaires firent connoître sa capacité aux ministres.

Forbin, son parent éloigné, mais de même nom, mort capitaine des mousquetaires gris, étoit dès lors bien avec le roi, et fort ami de Bontems qui le devint de l’évéque de Marseille, et qui le servit très-bien auprès du roi toute sa vie. Il y avoit déjà sept ou huit ans qu’il gouvernoit toutes les affaires de Provence, lorsqu’il fut envoyé ambassadeur en Pologne en 1674, à l’occasion de l’élection d’un roi. Son habileté y réunit tous les partis lorsqu’on s’y attendoit le moins. Le fameux Jean Sobieski, grand maréchal et gouverneur général de la couronne, fut unanimement proclamé. La reconnoissance lui fit offrir sa nomination au cardinalat à l’évêque de Marseille, qui ne voulut l’accepter qu’après en avoir obtenu la permission du roi. Peu après son retour, il fut en 1679 transféré à Beauvois, et renvoyé un an après ambassadeur en Pologne, et vers divers princes d’Allemagne. En 1630, il eut l’ordre du Saint-Esprit, et le 13 février 1690, Alexandre VIII, Ottobon, le fit cardinal. Ce pape, que le duc de Chaulnes avoit mis sur le saint-siége, avoit trompé la France. À sa mort nos cardinaux allèrent à Rome. Janson y contribua beaucoup à l’élection d’Innocent XII, Pignatelli, l’un des plus sages, des meilleurs et des plus saints papes qui eussent occupé le saint-siége depuis bien longtemps. Janson demeura à Rome, chargé des affaires de France, et y termina tous les démêlés qu’elle avoit eus sous les deux derniers pontificats. Après sept années de résidence à Rome, il revint en France. Deux ans après, la mort d’Innocent XII l’y fit retourner pour le conclave, avec les autres cardinaux françois. Clément XI, Albane, y fut élu, et Janson demeura encore auprès de lui, chargé des affaires de France, jusqu’en 1706, qu’il apprit par le même courrier du roi la mort